L’usine Peugeot de Saint-Ouin fermée… pour un concert !

Le percussionniste Nicolas Frize nous a habitués aux lieux insolites. Il s’est ainsi produit dans les dernières décennies dans des endroits aussi différents que des centrales pénitentiaires, des hôpitaux, la manufacture de Sèvres ou encore sur l’île Seguin avant la fermeture des usines Renault. Cette fois, il a jeté son dévolu sur l’Usine PSA de Saint-Ouen où il donnera une série de 6 concerts entre le 31 janvier et le 2 février. L’œuvre qu’il a composée pour l’occasion est paradoxalement intitulée Intimité.

Ces temps de concert qui donneront lieu à la mise au repos des presses et des robots constituent le point d’orgue d’une immersion de 2 ans au cours de laquelle l’artiste se sera employé à écouter les sons et les gens qui l’entouraient.

Ce sera l’occasion d’ouvrir les portes à près de 3000 visiteurs attendus pour découvrir des chaînes exceptionnellement à l’arrêt. Cette usine spécialisée dans l’emboutissage de pièces métalliques en fait sortir près de 800 000 par jour à destination des usines de montage du Groupe. Elle alimentait notamment jusqu’à sa fermeture l’usine d’Aulnay spécialisée les derniers temps dans la production de la Citroën C3. Aujourd’hui ces voitures sont principalement construites en Slovaquie.

Pendant les 2 ans où Nicolas Frize a parcouru jour et nuit les couloirs de l’usine, le micro à la main, il s’est attaché à capter tous les bruits environnants, base d’inspiration de l’œuvre qu’il a ensuite composée. Toute la difficulté en la matière était de réussir à capter, au milieu d’un mélange très complexe de bruits, ceux qui pouvaient l’intéresser. Il n’a d’ailleurs pas hésité à profiter des temps de pause et des créneaux de maintenance pour enregistrer avec les ouvriers les sons spécifiques de leurs postes de travail. Mais il a surtout largement échangé avec les 600 salariés de l’entreprise, accordant une attention plus particulière à 80 d’entre eux, à qui il a accordé des entretiens individuels.
Pour restituer l’ambiance dont il s’est progressivement nourri, il a soigneusement sélectionné parmi les disques d’embrayage, les joints de culasse ou les colonnes de direction, une centaine des pièces métalliques qui s’étalaient devant lui pour la diversité des sonorités qu’elles pouvaient restituer. Il s’est ensuite appliqué à organiser leur assemblage à l’horizontale ou à la verticale.

Cette composition instrumentale inédite sert au final une œuvre que l’on peut qualifier de «déambulatoire», conçue pour entraîner les participants dans une promenade depuis l’Eglise du Rosaire à l’usine PSA en passant par l’école élémentaire Emile-Zola. Ce spectacle célèbre les 90 ans de l’usine la plus ancienne de Citroën.
Parmi les 90 participants, 17 salariés de PSA rejoindront musiciens et choristes pour réciter des textes en forme de ponctuations de la musique qui sera jouée.

Et si vous voulez un aperçu de son travail…

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